Reconnectons-nous à nos sens pour agir avec bon sens.
- admin-mark6
- 5 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Interview exclusive avec M. Gills Robert – Président Hosmony
Réalisée dans le cadre de la communauté “Futur Engagé” par Conitiv
Communauté “Futur Engagé” : Bonjour Monsieur Robert. Tout d’abord, un grand merci d’avoir accepté de participer à cette interview. Pour contextualiser rapidement notre échange, cette interview s’inscrit dans le cadre de la communauté “Futur Engagé”, qui réunit des dirigeants inspirants engagés dans la transformation durable et responsable de leur entreprise. L’objectif est de valoriser des trajectoires, des visions, et des démarches porteuses de sens.
Pour démarrer, pourriez-vous vous présenter brièvement, ainsi que votre parcours, votre société, et nous dire quelques mots sur l’engagement RSE de votre entreprise ?
Gills Robert : Oui, bien sûr. Je suis expert-comptable, commissaire aux comptes, et également chargé de cours depuis près de 30 ans. Mon parcours est assez atypique : j’ai une formation en informatique et en commerce international, et je me suis très tôt spécialisé sur les OSBL – les organismes sans but lucratif.
J’ai démarré ma carrière en développant des bases de données centrées sur l’utilité publique et sociale. Sans le savoir, j’étais déjà en train d’analyser l’impact sociétal sous des prismes juridiques, fiscaux, humains. La RSE, je l’ai donc abordée dès le départ, même si ce n’était pas encore nommé ainsi.
Mon cabinet est aujourd’hui fortement engagé. Nous accompagnons principalement des associations, des fondations, des sociétés savantes – des structures qui défendent des causes sociétales fortes. Je dis souvent que c’est la passion des hommes qui m’a nourri. Ce sont des clients créateurs de valeur ajoutée sociétale avec qui j'ai une affinité de fond.
Communauté “Futur Engagé” : En tant que dirigeant, quel rôle doit jouer selon vous la RSE – ou plutôt la stratégie d’impact – dans la transformation des entreprises aujourd’hui ?
Gills Robert : Pour être franc, je pense que le terme “RSE” est devenu un peu trop léger. Cela fait plus de 50 ans que les scientifiques nous alertent, et on a perdu un temps précieux. Aujourd’hui, il faut parler de stratégie d’impact. C’est une transformation systémique qui conditionne la survie même des entreprises à moyen terme.
Mais attention : il ne suffit pas d’avoir la volonté. Il faut aussi savoir comment s’y prendre, comment s’entourer, et dans quelle temporalité agir. Un mauvais accompagnement peut mener droit dans le mur. L’expertise, l’humilité, la vision d’ensemble sont essentielles.
Communauté “Futur Engagé” : Merci pour cette vision lucide et engagée. Vous avez parlé de transformation systémique. Cela nous amène à la notion de double matérialité, de plus en plus présente dans les normes de reporting. Comment la traduisez-vous dans votre structure ?
Gills Robert : La double matérialité, je l’aborde avec un regard comptable : c’est la symétrie. Chaque écriture a sa contrepartie. Ici, il s’agit de comprendre à la fois comment l’entreprise impacte le monde, et comment le monde impacte l’entreprise.
Mais ce n’est pas qu’une question de flux financiers. Le décalage peut être culturel, symbolique, émotionnel. Une entreprise peut ignorer certaines attentes sociétales et se retrouver en rupture de légitimité, sans que cela apparaisse immédiatement dans ses comptes.
Depuis six ans, je préside le Club4RSE, un think tank dédié à l’accélération de la transformation RSE à l’ère du 4.0. Notre première conférence avait pour thème : "Mettre la raison d'être au service de l'impact sociétal". Nous avons conçu un questionnaire structurant, en mode arborescent : on part du dirigeant pour élargir vers les salariés, les partenaires, le territoire… Nous avons une approche hollistique. C’est une approche sensible, anonymisée, pour reconnecter les organisations au vivant et à l’intelligence collective.
Communauté “Futur Engagé” : C’est une manière très pédagogique et humaine d’aborder un sujet souvent perçu comme technique. Et en matière de gestion des risques ESG, quelle posture adoptez-vous dans votre cabinet ?
Gills Robert : Nous refusons d’entrer dans ces sujets par la peur ou la culpabilité. Le risque est une conséquence, pas un point de départ. Nous préférons parler de quête de sens, de recherche d’harmonie. Ce qui n’est pas durable est, par essence, un non-sens, donc un risque. Mais nous le traitons par le prisme du désir d’élévation.
Communauté “Futur Engagé” : Un propos très inspirant. Pour conclure, quelles sont selon vous les principales difficultés à surmonter dans cette transformation ? Et comment y faites-vous face ?
Gills Robert : La première difficulté, c’est le manque de repères. On observe un décalage culturel, une forme de confusion généralisée. Parfois même, du greenwashing ou des postures mécaniques.
Je vous donne un exemple. Lors d’un événement RSE, on nous a interdit de laisser un programme papier sur les chaises pour des raisons de bilan carbone. Or, chaque programme contenait une graine de caroubier, un arbre qui absorbe 500 kg de CO₂ sur sa vie. L’impression représentait à peine 0,5 kg. En réalité, notre action avait un impact positif très concret. Mais personne ne s’est posé la question du bilan carbone du QR code imprimé à la place, pointant vers un serveur numérique…
Il faut remettre du discernement, du bon sens, de la contextualisation. Nous avons trop de réponses automatiques à des enjeux complexes.
Conitiv : L’approche que vous déployez dans vos accompagnements se distingue nettement des démarches RSE plus classiques. Pourriez-vous nous en dire davantage sur “Hosmony” et ce qui fait, selon vous, son originalité ?
Gills Robert : L’originalité d’Hosmony tient d’abord à sa posture : au lieu d’imposer une surcouche de complexité ou de conformité, elle propose une entrée par la simplification et le sens. On commence par dépolluer, clarifier, rendre les choses intelligibles — puis seulement, si nécessaire, on introduit des outils, des standards, des grilles de lecture comme MyDad.
Ce qui est fondamental, c’est que l’on ne sépare jamais la transformation professionnelle de l’alignement personnel. Hosmony part du principe qu’une organisation ne peut être cohérente que si les personnes qui la composent le sont elles-mêmes. C’est une approche intégrative, qui reconnecte à la fois à la raison d’être de la structure, à la raison d’agir des individus et à l'impact territorial sociétal.
Communauté “Futur Engagé” : Merci infiniment, Monsieur Robert, pour cet échange éclairant. Vos propos nourriront sans aucun doute la réflexion des membres de notre communauté “Futur Engagé”. Souhaitez-vous ajouter un mot de conclusion ?
Gills Robert : Reconnectons-nous à nos sens et agissons avec bon sens. Merci à vous pour cette initiative utile et porteuse de sens.
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